vendredi 22 février 2019

Un "avant" et un "après"

Depuis quelques jours je repense aux 3 mois qui viennent de s'écouler et je constate qu'il y a pour moi un avant et un après.

AVANT c'est avant le 22 Novembre dernier; quand je suis allée à mon rendez-vous pour la mammographie de dépistage d'Arcade.  Pour moi jusque là , une formalité tous les 2 ans . 
Et puis voilà: après la  mammographie, la manipulatrice me dit: le radiologue va vous recevoir et sans doute compléter par une échographie.   Cela aussi ne m'inquiète pas vraiment, c'est déjà arrivé: des taches douteuses qui se révèlent être de simples calcifications.  Je rentre dans le cabinet d'échographie toujours assez insouciante et me demandant si je serai à l'heure pour la réunion du "Petit Marius" (le journal du Centre Municipal de retraités auquel je participe) . 
Le radiologue, avant de pratiquer l'échographie me fait part de son doute sur une tache au sein droit qu'il convient de mieux cerner.  Une petite inquiétude surgit que j'essaye de chasser de mon esprit: pas d'affolement ... Puis il me dit gentiment qu'il préfère me remettre ce jour la radiographie et l'écho et  envoyer une copie à Arcade; il me conseille de consulter très rapidement le Dr. Cohen à l'IPC et me donne le n°. Il a de fort doutes sur la nature de cette petite tumeur et il pense qu'il faut avancer très vite dans le diagnostic. 
J'accuse le coup : on croit toujours que cela n'arrive qu'aux autres et ce matin je me suis levée en forme comme toujours, pensant à mes occupations du jour, insouciante et gaie, et VOILA . 

A partir de ce moment là  c'est APRES : mon rendez vous chez mon médecin qui confirme l'urgence du rendez vous à l'IPC. Elle prend elle-même son téléphone pour avancer le rendez vous que j'ai obtenu pour le 28 Décembre, ce sera avec une assistante du Dr. Cohen, mais me dit-elle le plus important est d'avancer dans le diagnostic. Mon premier souci est, avec Robert, d'informer les jeunes, mes enfants.    Mammographie, scanner scintigraphie osseuse, IRM, biopsie se succèdent et autour de moi, chacun se veut rassurant, ce ne sera peut-être rien, juste un kyste à enlever.  Mais tout en essayant d'y croire, je sens au fond de moi qu'il faut me faire à l'idée de cette présence en moi d'une maladie sournoise qui pour l'instant ne m'affecte en rien: je suis alors en forme, active, mais qui va changer ma vie, je ne serai plus jamais la même.  
Je ne vais pas m'étaler plus sur les différentes étapes, mais c'est le 21 Décembre que le diagnostic est confirmé ; j'apprends aussi que contrairement à ce que je pensais, on ne m'opère pas d'abord; compte tenu du grade de ce cancer (Grade 2, pas le plus virulent, mais pas non plus le plus calme) et le fait qu'un ganglion est touché, on commence par la chimio durant 5 mois, puis, intervention pour curage, puis radiothérapie.  En Janvier l'oncologue me confirme tout cela : un homme très prévenant, très cordial et simple qui me dit gentiment avec un petit sourire, vous avez 74 ans, ce n'est pas jeune, je dirais même que "vous êtes "vieille" mais je compte bien vous préserver les 15 à 20 ans d'espérance de vie auxquels vous pouvez prétendre." Robert et moi avons apprécié sa confiance, son empathie, son assurance.   Et la suite ce sont les étapes de la chimio, la grande fatigue, la perte des cheveux.... Mais je dois redire que je rencontre à l'IPC beaucoup de bienveillance de la part de l'ensemble du personnel tant médical qu'administratif et c'est très important pour moi.

Mais cet "après" c'est aussi la fin de l'insouciance, c'est l'incertitude de la guérison complète, le risque de récidive;  j'ai autour de moi tous les cas de figure; une amie soignée pour un cancer du sein il y 26 ans et toujours en pleine forme, contrôlée chaque année et chaque année heureuse du diagnostic 
négatif et une autre qui en est à son 3ème cancer .... mais qui tient bon, elle  m'a dit  la semaine dernière qu'elle a toujours pensé: il ne m'aura pas !
Alors je me rassure ... Je vais faire front moi aussi et je ne suis pas seule: mon homme et mes enfants me soutiennent, la famille même éloignée en kms est présente et bienveillante, les amis aussi : tous les messages, tous les coups de téléphone font beaucoup de bien; tous les commentaires sur ce blog aussi ... Sachez tous que je compte sur vous : ensemble on l'aura ! J'ai confiance, je reste optimiste, même si j'ai perdu un peu d'insouciance .

3 mois  .... et les amandiers fleurissent



et dans un peu plus de 3 mois la chimio devrait se terminer....

8 commentaires:

Gilsoub a dit…

J'aime ta pêche, ton optimisme, c'est le premier pas vers la guérison, c'est essentiel de dire à ton corp : "il faut guérir".
Des bises

Ginou a dit…

@ Gilsoub MERCI, tes mots sont une aide précieuse pour garder la pêche ! Bises

samantdi a dit…

Comme Gilsoub, je te sens vraiment en forme, ouverte vers la vie et je sais que tu vas guérir.

Une de mes connaissances vient d'avoir le même diagnostic, elle a 35 ans et est maman d'un petit bout de chou de quelques mois... L'annonce est très dure à vivre. Ce basculement que tu décris si bien et qui reste de l'ordre de l'inimaginable pour ceux qui ne l'ont pas connu, l'a plongée dans une grande souffrance morale. Je vous associe souvent dans mes pensées. Pour l'une comme l'autre, je suis irrésistiblement optimiste.

On est là, fidèles au poste et on vous soutient ! Profite bien des journées ensoleillées de ce drôle de mois de février.

Ginou a dit…

@ samantdi, oui, je suis résolument optimiste et décidée à me sortir de ce mauvais moment, sortir du tunnel ....

Pour quelqu'un de 35 ans avec un enfant de quelques mois, je pense que cela doit être très difficile à vivre; mes enfants sont adultes et sont un vrai soutien pour moi et pour leur père , c'est tellement important de se sentir soutenu; ta présence ici est aussi une aide précieuse.

mirovinben a dit…

Je te lis à chaque fois avec attention et empathie mais je ne sais pas trouver les mots pour commenter. Gilsoub a dit ce qu'il fallait, ce que je crois viscéralement.

Je reprends donc à mon compte ce "J'aime ta pêche, ton optimisme, c'est le premier pas vers la guérison, c'est essentiel de dire à ton corps : "il faut guérir"."

Ginou a dit…

@ mirovinben, je comprends tout à fait que tu ne trouves pas les mots, cela m'arrive souvent dans mes navigations sur les blogs; je ne t'en veux pas, l'idée du "copier coller" n'est pas mauvaise, après tout, l'essentiel n'est pas l'originalité du commentaire, mais la présence et la sincérité, pas vrai ?
Ce blog me permet de donner des nouvelles à ma famille, trop éloignée en kms, je sais qu'il est lu même si peu commentent ici et je reçois d'autres formes de messages qui font du bien aussi.

Héloïse a dit…

Oui tu es lu. Je pense bien fort à toi. Pleins de bisous

Ginou a dit…

@Héloïse, coucou ! Heureuse de ton passage ici. Oui, je sais que je suis lue.Les messages que je reçois même en dehors du blog me le confirment. Pour moi c'est important d'exprimer mon ressenti; j'aurais pu me contenter d'écrire un petit journal intime; le fait de partager aide à redresser la tête , je crois. Ne pas ressasser car je lasserais vite les autres et moi-même. Bises très affectueuses à toi et ta petite famille.