Quelques impressions sur mes lectures des dernières semaines:
Tous
les hommes n'habitent pas le monde de la même façon -
Jean Paul Dubois
Cela fait deux ans que Paul Hansen purge sa peine dans la prison
provinciale de Montréal. Il y partage une cellule avec Horton, un
Hells Angel incarcéré pour meurtre, fanatique de Harley Davidson,
une passion qu'il partage avec… le directeur de la prison ! Une vie
pas comme les autres, un mystère distillé goutte à goutte car on
ignore jusqu'aux toutes dernières pages quel méfait a pu conduire
Paul au pénitencier.
L'écriture est séduisante, Jean Paul Dubois mêle avec aisance
poésie, humour et vulgarité , il n'empêche que je n'ai pas été
emballée et me suis parfois un peu ennuyée.
Les retours en arrière sur les souvenirs d'enfance et l'histoire du
père, pasteur danois finissent par lasser et nous font perdre le fil
de l'histoire beaucoup plus intéressante des deux codétenus.
La construction du roman est attendue, chaque chapitre débute sur le
passé de Paul pour finir sur le moment présent à la prison, pas de
surprise, chaque chapitre est construit de la même façon. On a
d'abord droit à la jeunesse du père, sa rencontre avec la mère,
l'enfant en commun, le métier de pasteur, la séparation… Puis on
arrive (enfin !) à Paul, son parcours, sa femme, sa chienne…
Et puis je trouve vraiment dommage que dans une histoire qui se passe
au Québec personne ne parle québécois; aucune touche de couleur
locale; le compagnon de cellule pourtant original et bien campé,
parle comme un parisien …. Vraiment dommage.
Pour moi, ce Goncourt n'est pas vraiment mérité et je pense que les
lycéens ont fait un bien meilleur choix en élisant de Karine Tuil
«Les choses humaines»
Une joie féroce - Sorj Chalandon
L'auteur porte un regard empreint de pudeur et de réalisme sur le combat de 4 femmes contre le cancer et se glisse avec beaucoup de talent dans la peau de ces femmes. Mais le propos ne se focalise pas sur la maladie et ses traitements. C'est un bel hommage à l'amitié, au courage, à la solidarité à travers des personnages très attachants et une folle équipée menée par ces 4 femmes. Assez invraisemblable mais si joyeux : férocement joyeux!
Pandemia de Franck Tilliez
Le 36 quai des orfèvres et l'institut Pasteur se trouvent face à des exterminateurs de l'humanité qui veulent répandre des virus. L'histoire est bien menée et très documentée. On retrouve Sharko et sa compagne Lucie Hennebelle, et leurs collègues: des personnages très attachants. Le style de Franck Tilliez est toujours aussi fluide et sobre. C'est prenant et très bien ficelé.
Miroir de nos peines de Pierre Lemaître
Troisième tome de la trilogie après "Au revoir là-haut" et "Couleurs de l'incendie" est comme ces précédents un excellent moment de lecture. La toile de fond est la drôle de guerre 1940, l'exode .On retrouve Louise, la petite fille qui s'était liée d'amitié avec Edouard Péricourd dans Au revoir là-haut
et des personnages formidables d'humanité.
Pierre Lemaître est un grand narrateur: il décrit avec talent cette période trouble de notre histoire où se côtoient des héros et des salauds. Il a l'art de faire vivre des personnages aussi vrais que nature
Le récit est fluide, vivant passionnant, rythme soutenu... On n'a pas le temps de s'ennuyer tant surviennent surprises et rebondissements .
Soif - Amèlie Nothomb
L'auteure se glisse dans la peau et surtout les pensées du Christ lors de ses dernières heures, en lui rendant son humanité.
C'est sensible, drôle, original, se lit facilement et ne manque pas d'intérêt. Il fallait oser et c'est réussi, terriblement humain avec une bonne dose d'humour jamais blasphématoire et une belle rélexion sur la mort et aussi ce que veut dire "avoir un corps".
Je ne suis pas une admiratrice inconditionnelle d'Amélie Nothomb mais là, très franchement j'ai bien aimé.
Les sept mariages d'Edgar et Ludmilla - Jean Christophe Rufin
Le narrateur est le gendre d'Edgar et Ludmilla. Il nous conte l'histoire bien étrange de ses beaux parents qui se sont mariés 7 fois. Tout commence en 1958 par un coup de foudre dans un village perdu de l'Ukraine.
Comme toujours avec J.Ch. Rufin le style est agréable, savoureux et riche. Il réussit à nous emporter dans le tourbillon de cet amour tumultueux. Un récit en forme de conte qui nous fait traverser la seconde moitié du XX° siècle tout en suivant les amours rocambolesques de deux personnages très attachants.
Et en fin de roman, l'auteur avoue s'être marié 4 fois dont 3 avec la même femme et cette petite touche autobiographique est assez plaisante.
Les choses humaines - Karine Tuil
"Les Farel forment un couple de pouvoir. Jean est un célèbre journaliste politique français; son épouse Claire est connue pour ses engagements féministes. Ensemble ils ont un fils, étudiant dans une prestigieuse université américaine. Tout semble leur réussir. Mais une accusation de viol va faire vaciller cette parfaite construction sociale."
L'auteure expose avec objectivité les faits ; elle réussit à transformer un fait de société en un roman de réflexion passionnant. Toute la partie du procès m'a remuée comme si j'étais un juré.
Le style est un régal; très travaillé et pouvant varier du brut au poétique et toujours assez grave.
Bref je félicite les lycéens du Goncourt pour leur choix; je pense que c'est bien que les jeunes lisent et apprécient ce roman qui montre les dangers des réseaux sociaux et de l'exposition médiatique.
et pendant ce temps le printemps arrive un peu trop tôt
L'épidémie de coronavirus me conforte dans l'attitude prudente de refuser bises et poignées de main que j'ai adoptée dès le début des épidémies de grippe. La chimio que je subis affaiblit mon organisme, alors prudence ....
Et notre 1er ministre brandit le 49-3 un beau samedi après-midi en pleine confusion .... Et j'enrage, même si l'obstruction manifeste par l'opposition proposant des milliers d'amendements m'a faite aussi enrager car c'était bien prendre le bâton pour se faire battre...
Notre démocratie est bien mal en point.